A 10km à l'Est de la ville de Bâle, le village d'Augst est célèbre pour les remarquables trésors archéologiques retrouvés dans son sol. On oublie parfois que la région offre aussi de vastes étendues classées réserve naturelle le long du Rhin et de l'Ergolz. C'est en outre l'une des rares communes du demi-canton de Bâle-Campagne à disposer de son propre embarcadère.
Au 16e siècle, une série de fouilles archéologiques est conduite dans le petit village d'Augst qui découvre qu'ici même se trouvait une colonie romaine. Il s'agit en fait de la plus ancienne ville romaine établie sur le Rhin. Fondée entre 44 et 43 avant J.-C., on doit sa présence au général romain Munatius Plancus, un ami de Jules-César, qui souhaitait ainsi consolider la frontière Nord de l'Empire romain.
La petite colonie romaine se développe rapidement dès l'an 15 av. J.-C. Des quartiers en forme d'échiquier s'étendent autour du théâtre, formant des îlots urbains ("insula"). Au début du 2e siècle après J.-C., 20'000 personnes vivent à Augusta Raurica, l'activité commerciale est florissante, les riches bâtiments publics en attestent.
Dès la fin du 2e siècle, Augusta Raurica subit un terrible tremblement de terre et les assauts répétés des Alamans ; la ville est en partie détruite et les Romains, vaincus, finissent par s'en aller. La très belle et très grande cité antique s'endort dans les collines bâloises durant près de deux millénaires.
Aujourd'hui, vingt monuments environ sont sortis de leur sommeil. Ils témoignent du passage des Romains dans cette région et de l'étendue de ce que fut Augusta Raurica. Chaque année, plus de 100'000 personnes visitent le site, en faisant l'un des lieux les plus touristiques de Suisse. C'est l'un des plus importants musées archéologiques en plein air du pays, tous les édifices se visitent librement et gratuitement (sauf la villa romaine et le musée adjacent). A côté du théâtre, un point d'accueil informe les visiteurs, de grands plans du site permettent de préparer son parcours - les édifices peuvent être significativement éloignés les uns des autres.
A Augst, les fouilles archéologiques continuent, des visites y sont organisées les jours ouvrables, d'avril à septembre à 11h30 ; la plus ancienne ville romaine sur le Rhin n'a pas encore livré tous ses secrets.
C'est la plus importante ruine romaine de Suisse et l'une des mieux conservées au Nord des Alpes. Au cœur de l'antique cité, le théâtre d'Augusta Raurica pouvait accueillir quelque 8000 spectateurs. Reconstruit plusieurs fois au cours de son histoire, il servit successivement de théâtre scénique et d'arène de combat.
Aujourd'hui, des représentations et des concerts en plein air font revivre cet édifice majeur de l'histoire du pays.
Non loin du théâtre, les spectateurs pouvaient se détendre et se laver dans les bains publics, aujourd'hui détruits. Les archéologues supposent que ces thermes étaient réservés aux femmes ; des épingles à cheveux et des perles ont été retrouvés sur le site.
Vers 200 après J.-C., les habitants d'Augusta Raurica s'offrent le luxe d'un deuxième édifice public de divertissement ; construit après le théâtre, au sud de la ville, à l'écart du cœur de la cité, l'amphithéâtre témoigne de l'époque florissante que traversait la cité au 3e siècle après J.-C. Près de 6000 personnes pouvaient prendre place autour de la grande arène ovale où se déroulaient des courses et de violents combats d'animaux et de gladiateurs, souvent jusqu'à ce que mort s'ensuive. Les riches négociants et leurs hôtes s'installaient dans la tribune d'honneur, aujourd'hui reconstituée.
A l'Est du théâtre, le forum constituait le centre religieux, marchand, administratif et politique de la ville. Cette vaste place bordée d'édifices publics et de nombreuses boutiques, fut construite au milieu du 1er siècle après J.-C. C'est ici que se tenaient les marchés et la plupart des festivités officielles. On peut y observer la basilique (qui n'était pas un édifice religieux mais un bâtiment administratif et de juridiction), la curie (à l'extrémité Est du forum, c'était le "conseil d'Augusta Raurica" rassemblant une centaine de conseillers et deux maires) et le temple de Jupiter.
Augusta Raurica disposait déjà d'un système ingénieux d'évacuation des eaux usées, un long boyau large de 70 centimètres qui écoulait les eaux des thermes centraux vers le ruisseau Violenbach. Ce réseau, plus vaste à l'époque, collectait également les eaux usées des habitations privées.
Une partie des égouts d'origine a récemment été rendue praticable et peut se visiter sur une longueur de 100m. Le passage est impressionnant, fortement déconseillé aux personnes souffrant de claustrophobie. A peine plus haut que la taille d'un homme, le boyau ne se traverse que dans un sens. On y pénètre par les thermes centraux.
Reliée à l'égout principal, la cave d'une riche maison patricienne est accessible par le même escalier. Elle servait de réserve alimentaire à la famille résidente et fut totalement comblée lors de la construction des thermes centraux à la fin du 1er siècle après J.-C. En 1943, des travaux de fouilles l'ont dégagée pratiquement intacte, dans un état de conservation exceptionnel.
Les habitants d'Augusta Raurica disposaient aussi d'un efficient réseau d'eau potable. Les conduites qui alimentaient la ville se trouvent dans un bois plus éloigné au Sud de l'autoroute. Ce tunnel d'une longueur de 10 mètres témoigne de l'ingéniosité et du savoir-faire des Romains, il est accessible aux visiteurs.
Près de la villa romaine et du musée se trouvent les vestiges d'une boulangerie romaine. Entre 250 et 275 après J.-C., les fours à pain de ce petit commerce fonctionnaient activement, probablement pour assurer le soutien logistique des légionnaires, stationnés à une époque dans la ville d'Augusta Raurica. Au rez-de-chaussée, le four à pain exposé est l'objet du genre le mieux conservé au Nord des Alpes. Une exposition didactique et multimédia aborde plusieurs thématiques relatives aux activités de cette boulangerie : la culture des céréales et la méthode de cuisson du pain à l'époque romaine.
En 1955 débute à Augusta Raurica le chantier d'une villa romaine de négoce et d'habitation, fidèlement reconstruite selon les modèles antiques. Elle permet de se faire une idée très précise du mode de vie des Romains dans la région. Cette réalisation pionnière - c'était alors la première du genre en Europe - abrite une zone d'habitation familiale et un espace commercial, en l'occurrence un atelier artisanal (forgerie et boulangerie) et une boutique avec son comptoir. Toutes les pièces donnent sur un très reposant atrium extérieur agrémenté de plantes et de sculptures. A l'intérieur, le confort est soigné : une coupe du sol permet d'observer le très novateur système de chauffage par le sol (ou hypocauste).
La cuisine, plutôt petite, est le royaume des femmes de la maison et des servantes. A côté du foyer se trouvent les latrines (ou toilettes).
Jouxtant la cuisine, la salle à banquet est la principale pièce à vivre de la villa. Le maître de maison et ses invités s'y nourrissent couchés sur des banquettes moelleuses. On peut y observer une remarquable peinture murale.
Cette riche famille possède son propre sauna appelé "balneum". C'est dans cette salle d'eau que les Romains effectuent leur - longue - toilette, passant d'une salle à l'autre, chaude au début, glacée à la fin. La saleté exacerbée par la transpiration, est ensuite raclée avec un outil approprié. La chambre à coucher abrite un métier à tisser. Les femmes y confectionnent les vêtements pour tous les membres de la famille ; des tuniques amples, aux formes simples.
Tous les objets exposés dans la villa romaine ont été retrouvés lors des fouilles archéologiques ou en sont des copies identiques. La villa a été repeinte et meublée à neuf en 2001.
Adjacent à la villa romaine, le musée présente une collection riche de plus d'un million d'objets retrouvés sur l'ancien site de la ville antique d'Augusta Raurica. Parmi les pièces les plus rares, citons un buste de bronze grandeur nature de Minerve, la déesse de la sagesse et de l'artisanat qui, avec ses 92 cm de hauteur, fait partie des plus grands bustes martelés conservés de l'Empire romain ; deux très petites statuettes d'argent d'Hercule et de Minerve hautes de seulement 5.5 cm, un collier d'or composé de 40 maillons entrelacés et un fragment de tablette d'ivoire.
Le "trésor d'argenterie" ("Silberschatz") constitue le clou de l'exposition ; il représente la plus importante découverte du genre depuis la fin de l'Antiquité. Déterré en 1962, il reposait au pied des anciennes murailles (encore visibles en différents endroits). Un trésor d'une valeur inestimable, composé notamment de 68 pièces remarquables d'un service de table luxueux, incluant des candélabres, des cuillers, gobelets, écuelles et plats décorés de scènes mythologiques. Mais aussi des lingots d'argent, marqués d'un sceau datant très précisément de l'an 350 après J.-C.
Ce trésor appartenait à des officiers romains, habitués à conserver, de longues années durant, les objets précieux légués en héritage ou offerts par l'empereur, jusqu'à se qu'ils constituent un solide capital. A Augusta Raurica, les assauts guerriers des Alamans obligèrent les officiers romains à enterrer en grande hâte leur trésor près des fondements du mur du castrum ; ils périrent probablement avant de pouvoir le récupérer… c'était il y plus de 1650 ans.
Aujourd'hui, le trésor d'argenterie d'Augusta Raurica peut être admiré dans son intégralité au Musée romain. Les différents objets et pièces de monnaie retrouvés représentent près de 60kg d'argent pur. Au-delà de sa valeur matérielle, ce trésor est un admirable témoin de la culture et du savoir-faire artisanal des Romains.
Sur la base d'ossements animaux découverts sur place, ce modeste parc animalier a été aménagé en 1992. Il présente les espèces élevées dans les basses-cours romaines à l'époque d'Augusta Raurica. On y découvre les chèvres Nera Verzasca, les vaches naines, les moutons des hauts plateaux grisons, les poules italiennes, les pintades, les paons, les oies, les ânes, un bélier de Tavetsch et un troupeau de sangliers à poils laineux de Hongrie sorti d'un autre temps. Certaines de ces espèces animales sont aujourd'hui menacées d'extinction. Elles sont élevées avec la collaboration de la fondation "Pro specie rarae" dans le but de les préserver d'une disparition définitive.
Le paysage panoramique d'Augusta Raurica est visible au premier étage du pavillon d'information, dans le parc aux animaux domestiques, près de la Porte Est de l'ancienne ville romaine. Cette vaste peinture s'étendant sur les quatre murs du pavillon, illustre la vie quotidienne des Romains à Augusta Raurica il y a 1800 ans.
Devant les portes de la ville, au pied des fortifications, de petits commerces mobiles vendent leurs produits aux visiteurs de passage, côtoyant les valeureux soldats de la garnison toute proche de Vindonissa (Windisch près de Brugg en Argovie) campés devant les portes de la ville. Les marchandises sont acheminées sur des chariots de bois qui sillonnent les routes cahoteuses de l'Empire, d'une ville à l'autre. Les riches habitants d'Augusta Raurica ne se refusent rien et reçoivent leurs huîtres de l'Atlantique ou de Méditerranée vivantes, par transport "express". A l'intérieur du mur d'enceinte, la vie de la cité bat son plein ; dans les marchés colorés se vendent les légumes, la volaille et les épices ; plus loin les fumoirs distillent leur subtil parfum de jambons et de saucissons, bousculés par des porcs domestiques courant en toute liberté entre les échoppes.
Outre ce paysage panoramique, le pavillon d'information présente sur deux niveaux une petite exposition sur l'agriculture, le transport et le commerce.
Ville romaine d'Augusta Raurica
Giebenacherstrasse 17, 4302 Augst
Tél. +41 (0)61 552 22 22
www.augustaraurica.ch