Notre nain de jardin fugueur, Peter, nous emmène aujourd'hui dans le petit canton de Genève. Genève, c'est tout au bout de ce grand lac en forme de croissant, le lac Léman. Genève, c'est un canton entouré par la France ; c'est là que la Suisse s'arrête. Genève et ses presque 200'000 habitants, c'est l'une des trois plus importantes villes suisses. Alors restez près de nous, il s'agit de ne pas se perdre.
Avec un peu de chance, si le vent ne souffle pas, vous verrez ça :
Un jet d'eau de plus de 140 mètres qui fut longtemps le plus haut jet d'eau du monde. Aujourd'hui, c'est le symbole le plus célèbre de la ville et si il fonctionne, c'est grâce à lui.
A quelques mètres du jet, nous voilà dans la cabane du gardien. Il s'appelle Antonio dell Aqua et quand on sait qu'en français dell Aqua signifie " de l'eau ", on se dit que c'est un gag. Mais non, Antonio est le plus ancien gardien du jet d'eau, il le surveille depuis maintenant dix ans et ma foi, à Genève, c'est un peu une star.
Dans cette cabane, Antonio peut connaître la force et la direction du vent. Il surveille tout ça de très près car le vent, c'est le pire ennemi du jet d'eau.
A Genève, pas besoin de montre. Pour connaître l'heure, il suffit de se rendre derrière le jet d'eau. Là se trouve une horloge immense uniquement composée de fleurs. Imaginez le travail : 6500 fleurs posées une à une et qu'il faut changer à chaque saison. Mais ce qu'il y a de mieux, c'est que cette horloge fonctionne vraiment. D'ailleurs, l'aiguille des secondes est la plus grande du monde, avec ses deux mètres et demi de longueur. Elle rappelle fièrement que la Suisse, c'est bel et bien le pays des montres.
Et maintenant, suivez le guide. Avec Peter, on vous propose une balade en bateau sur le plus grand lac d'Europe occidentale : le lac Léman, qui s'arrête aux portes de la ville.
Ces bateaux blancs nous emmènent à la découverte d'une autre Genève. Frisson garanti lorsque l'embarcation contourne le jet d'eau. Puis, la balade continue. Au centre de la ville, les immeubles cossus se serrent les uns aux autres ; des banques, de grandes marques de montres, des assurances. Nous frôlons les très beaux quartiers.
Sur l'autre rive, les riches demeures se suivent et ne se ressemblent pas. Toutes superbes, elles ont parfois hébergé de véritables célébrités… comme celle-ci qui appartenait à la femme de l'Empereur Napoléon, Joséphine. Plus loin, voici le palais des Nations Unies… L'Organisation mondiale du Commerce… Et hop ! On rentre au port.
Aux limites de la ville, on va se prendre un bon bol d'air frais avec mon Peter. Loin du bruit des voitures, on grimpe sur cette petite colline.
Le Bois de la Bâtie, c'est vraiment un bon plan. Gratuitement, les enfants des villes découvrent ici les animaux suisses. Les animaux des montagnes, comme les chamois et les bouquetins, aux cornes gigantesques qui peuvent parfois être dangereuses.
Mais aussi les sangliers… Les chèvres, curieuses et sympas… Et cette étonnante colonie de tortues qui se dore au soleil avec les canards.
Pour en savoir plus, des panneaux nous apprennent l'origine de chaque animal et son régime alimentaire.
Quant à ce paon magnifique, il préfère se cacher dans les arbres pour fuir ce satané nain de jardin qui le suit partout.
La journée touche à sa fin, Peter prend le chemin du retour. Dans le parc, les animaux s'assoupissent doucement, tandis que le soleil décline. C'est déjà l'heure à laquelle les nains de jardin redeviennent… des nains de jardin.
Texte complet de l'émission "Coucou la Suisse - Canton de Genève"
Au Sud-ouest de la Suisse, ce petit "canton-ville" se serre autour de l'extrémité Ouest du Lac Léman. Encerclé par son grand voisin français, on dirait une enclave ; le canton partage 90% de ses frontières avec la France (plus de 100km) et seulement 4,5km avec la Suisse. Cette particularité s'explique par l'histoire de la région, annexée à la France jusqu'à la chute de l'Empire, elle ne devint un canton autonome qu'en 1815. Ce fut d'ailleurs le dernier canton à rejoindre la Confédération suisse (exception faite du Jura). Ceci expliquerait en partie pourquoi Genève reste aujourd'hui encore un canton très "français", qui lit la presse française, regarde la télévision française, parle "français" (à Genève on "déjeune" à midi). De plus, de nombreux frontaliers travaillent dans les réputées entreprises genevoises.
Même si cette petite portion de territoire dénombre quelques cultures maraîchères et quelques vignes (à Dardagny, Russin et Satigny), elle est majoritairement urbanisée, l'agglomération de la ville de Genève s'étendant désormais à la quasi-totalité du canton. Avec une superficie d'un peu plus de 200km2, c'est l'un des plus petits cantons suisses (le 20e en taille) mais l'un des plus peuplés (le 6e canton suisse en nombre d'habitants)
Les premières traces d'occupation humaine découvertes dans la région genevoise sur les rives du Léman, remontent à 3000 avant J.-C. La ville commence à se peupler vers 1000 av. J.-C. avant de devenir tout à tour romaine, burgonde et germanique. Entre le 11e et le 15e siècle, Genève dispose d'une certaine autonomie. Ses foires deviennent réputées et lui confèrent une première aura internationale : sa position géographique au centre de l'Europe est stratégique, sa monnaie stable et ses banques disposent déjà d'une certaine souplesse sur la loi contre le prêt à intérêt (l'évêque concède des franchises à Genève). Alors forcément, un secteur banquier important se développe et les gérants de fortune du monde entier s'y installent. En un demi-siècle, la population genevoise double.
En 1535, la Réforme triomphe et Genève en devient la capitale ("La Rome protestante"). Le Français Jean Calvin s'y établit en 1536, jusqu'à sa mort en 1564. Des milliers de protestants fuyant les massacres viennent y trouver refuge en provenance de France et d'Italie, ils aident au développement économique de la ville.
Pourtant, les attaques et les risques d'invasion persistent et Genève continue à repousser les assauts répétés des ducs de Savoie. Dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602, les Genevois imposent une cuisante (c'est le cas de le dire !) défaite aux Savoyards, qui tentaient une nouvelle annexion de la ville. De sa cuisine, une habitante genevoise originaire de Lyon, la Mère Royaume, aperçoit l'ennemi qui tente d'escalader les fortifications. Elle jette alors sur les assaillants plusieurs litres d'une soupe aux légumes bouillante, avant de donner l'alerte ; l'ennemi est obligé de fuir.
La défaite savoyarde est aujourd'hui commémorée chaque année à l'occasion de la fête de l'Escalade (allusion faite à l'escalade de la muraille). Dans le froid de l'hiver, des milliers d'écoliers défilent bruyamment, grimés en tout ce qu'il leur passe dans la tête. Les principales rues de la ville se couvrent de millions de confettis multicolores et les automobilistes sont joyeusement immobilisés ; personne n'ose s'en plaindre ! Toutes les confiseries genevoises préparent le traditionnel "chaudron de l'Escalade", en chocolat et rempli de légumes en massepain, pour rappeler l'arme redoutable que constitua à l'époque la soupe aux légumes brûlante de la Mère Royaume.
En 1865, à la suite de la révocation de l'Edit de Nantes, une deuxième importante vague de réfugiés huguenots déferle sur Genève, craignant les représailles de Louis XIV. Tandis que la démographie augmente, Genève assied la réputation de son secteur tertiaire ; ses activités sont florissantes. Cependant, cela ne suffit pas à calmer les troubles qui secouent la cité et qui aboutissent en 1792 à la révolution genevoise. C'est un échec et en 1798, Genève est annexée par son grand voisin et vieil ennemi, la France qui l'intègre au département du Léman dont elle devient le chef-lieu. Genève doit attendre la défaite des armées napoléoniennes en 1813 pour retrouver son indépendance. Deux ans plus tard, le canton rejoint la Confédération suisse.
Depuis toujours, Genève entretient une réputation de ville ouverte sur le monde. Siège de nombreuses organisations internationales, c'est le canton suisse qui présente la plus forte proportion de résidents étrangers. En cinquante ans, la ville est même devenue une véritable capitale internationale de la diplomatie.
C'est Henry Dunant, instigateur dès 1863 des premières conventions internationales sur les blessés de guerre et premier prix Nobel de l'histoire, qui initie cette vocation lorsqu'il y crée en 1846 le "Comité international de la Croix-Rouge". C'est la première institution internationale qui s'établit dans le canton, aussitôt rejointe par beaucoup d'autres dont la plus célèbre, qui y choisit son siège au lendemain de la Première Guerre mondiale : la Société des Nations (aujourd'hui " Organisation des Nations unies - ONU ").
En 1923, Genève accueille le premier aéroport international du pays. Il permet aujourd'hui de rejoindre une centaine de destinations à travers le monde ; chaque année, 14 millions de passagers y transitent.
Au Sud-est de la ville s'élève le Salève. Bien que situé sur le territoire français, les Genevois se l'approprient volontiers. Il faut dire que là haut, la vue sur la ville et son lac est époustouflante.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Genève n'est pas la seule ville du canton. Ainsi, le canton dénombre-t-il 45 communes, dont 8 villes de plus de 10'000 habitants : Vernier (33'811 habitants), Lancy (28'821 habitants), Meyrin (22'057 habitants), Carouge (20'183 habitants) Onex (17'650 habitants), Thônex (13'567 habitants), Versoix (13'108 habitants) et Chêne-Bougeries (10'366 habitants). 474'169 habitants vivent dans le canton de Genève, 194'458 habitants en ville de Genève.
Aujourd'hui encore, le secteur tertiaire représente un fleuron de l'économie genevoise et sa plus prestigieuse carte de visite (en particulier ses établissements financiers), occupant plus de 60% de la population active.
282 km2
474'169 habitants
Genève
Français