Dans les vallées de Basse-Engadine mais à haute altitude - près de 1500 m. - Zernez et ses presque mille habitants constituent le dernier village avant la frontière italienne tout au Sud. En grande partie détruit au 19e siècle suite à un incendie, c'est surtout la porte d'entrée sur l'unique Parc national du pays.
A l'extrémité orientale du pays, il est non seulement l'unique parc national du pays mais aussi la plus grande réserve naturelle suisse, dense de plus de 170km2 dans la vallée de la Müstair.
Tout à l'Est du pays, le parc national de Zernez offre une multitude de paysages montagneux s'étageant de 1400 à 3200 mètres d'altitude ; un tiers de forêt, un tiers de rochers éboulis et un tiers de pâturages alpins.
Il renferme quelques-uns des plus beaux spécimens de la faune et de la flore alpines, dont la très rare et très protégée fleur edelweiss, symbole de la Suisse. Cette fleur laineuse, prisée des collectionneurs, a quasiment disparu des montagnes suisses aux cours des deux derniers siècles. Les rares spécimens sauvages encore visibles s'accrochent aux parois calcaires ensoleillées et survivent à des altitudes extrêmes, pouvant atteindre 3000m. En danger de disparition, cette plante est protégée ; sa cueillette est formellement interdite dans toute la Suisse.
Entre le 11e et le 12e siècle, le sol de la région offrit son fer, son argent et son plomb aux mineurs qui y creusèrent des kilomètres de labyrinthes, éprouvant ainsi durement l'écosystème. Puis, sévirent l'agriculture et la surexploitation forestière ; toute la région fut sérieusement menacée. En 1914, la Ligue pour la protection de la nature tira la sonnette d'alarme et obtint la préservation du site qui devint le premier Parc national de toute l'Europe centrale. Il est aujourd'hui l'un des plus petits du continent.
Ce parc unique au monde est entièrement livré à lui-même. Ici, l'homme n'intervient jamais, permettant aux nombreux scientifiques qui l'observent de constater l'évolution naturelle d'un vaste domaine forestier alpin, intact comme il aurait pu l'être il y a 5000 ans, avant même toute intervention humaine. Ainsi, le règlement précise que le chasse, la pêche et la cueillette sont interdites, tout comme la coupe d'arbres ou la tonte de l'herbe, les chiens ne sont pas admis. Les voitures doivent être laissées sur l'un des dix parkings prévus à leur effet, en divers endroits aux abords du parc ; il est formellement interdit enfin de s'écarter des 80km de sentiers balisés, bref de perturber quoique ce soit dans ce vaste site préservé.
Selon les sévères critères de l'IUCN - International Union of the Conservation of Nature - le parc national suisse est une réserve de catégorie 1 "wilderness area" (la protection la plus élevée). Des patrouilles de gardes-chasses s'assurent que le règlement est appliqué, l'amende peut se révéler salée… jusqu'à CHF 500.- !
Loin des dégâts causés par l'homme, de nombreuses espèces animales s'y sont définitivement établies. Aujourd'hui, le parc national suisse constitue l'habitat privilégié d'une centaine d'espèces d'oiseaux et d'une trentaine d'espèces de mammifères (actuellement recensés) : des marmottes, des lynx, des cerfs, des chamois ; mais aussi une impressionnante colonie de 300 bouquetins, une espèce qui avait totalement déserté la région ; leur réintroduction est un succès, tout comme celle du grand vautour "gypaète barbu" qui doit son nom à la petite barbe en dessous de son bec. Il fut réintroduit par l'homme dans le parc pour la première fois en 1991.
Ce charognard est le seul oiseau capable de broyer et de digérer les os, il intervient en toute fin de la chaîne alimentaire. Il est aujourd'hui encore gravement menacé d'extinction. Levez les yeux, vous le reconnaîtrez facilement à la couleur rose de son plumage, puisqu'il "maquille" ainsi son torse avec du sang (à la base ses plumes sont blanches). C'est cet artifice esthétique qui lui a valu une traque sans pitié. Comparé à Satan en personne, les homes croyaient que le gypaète barbu était capable d'enlever et de manger… des enfants ; une sorte de "délit de sale tronche". Toutes ces rumeurs ont été scientifiquement démenties et aujourd'hui, plusieurs couples s'ébattent et se reproduisent gaiement dans le parc national suisse de Zernez.
Depuis quelques années, de potentiels nouveaux locataires viennent repérer les lieux ; de gros ours bruns ont été aperçus, à quelques kilomètres de la frontière italienne.
Des projets d'extension du parc national de Zernez sont en discussion depuis 1996. Selon les spécialistes, la surface actuelle est trop petite pour permettre une bonne diversité des espèces animales et végétales. Le parc pourrait prochainement inclure un site de roches cristallines, manquantes pour le moment, ainsi que certaines zones humides composées de lacs et de terrains marécageux.
Chaque année, 150'000 amateurs de nature partent à la découverte de cette réserve. Le parc national suisse se visite en été et jusqu'au début de l'automne, entre juin et mi-octobre. Equipez-vous de bonnes chaussures de marches, d'un chapeau et de lotion solaire, le soleil tape fort là-haut. Et n'oubliez pas un bon pull-over, le point culminant du parc dépasse les 3000 m. d'altitude. En hiver, les risques d'avalanche et de chutes de pierre obligent les autorités à le fermer au public.
Le parc national de Zernez s'arrête à la frontière où il prend le nom de "Parc national de Stelvio" en Italie. Les règles y sont moins strictes, la biodiversité n'y a pas la même valeur.
Parc National Suisse
Centre des visiteurs, CH-7530 Zernez
Tel. +41 81 851 41 41
www.nationalpark.ch