Le Lion de Lucerne se situe en dehors de la vieille ville, sur les hauteurs, au-dessus de la Haldenstrasse. Si vous ne trouvez pas, suivez les cars de touristes… Dès la création de la Confédération des premiers cantons suisses au 14e siècle, la Suisse centrale se taille une réputation de région insaisissable, une sorte de Gaule suisse-allemande. La qualité de ses guerriers dépasse largement les frontières de ces petits cantons.
Rapidement, les jeunes hommes de Lucerne, Uri, Schwyz, Niwald et Obwald servent en qualité de mercenaires au sein des armées étrangères.
Le 10 août 1792, les mercenaires suisses connaissent l'épisode le plus sanglant de leur histoire. Alors que les Tuileries sont à feu et à sang, la garnison de mercenaires suisses du roi de France Louis XVI tentent de repousser les assauts des révolutionnaires. Les conflits sont d'une rare violence, 850 mercenaires - de jeunes hommes natifs de cette région de Suisse centrale - meurent durant les combats ou sont guillotinés les 2 et 3 septembre de la même année.
A leur mémoire, un monument sculpté dans la roche dure est érigé en 1821 sur les hauteurs de la ville ; le "Lion de Lucerne", symbole des valeureux mercenaires suisses, agonise une lance plantée dans son flanc gauche. Au creux de sa grosse patte meurtrie, il sert une fleur de lys en gage de sa dévotion inconditionnelle au monarque français. A l'initiative de l'officier Karl Pfyffer von Altishofen, rescapé du massacre, les noms de tous les mercenaires morts sont gravés dans la roche.
L'édifice est gigantesque (6m. de haut sur 10m. de long) et les traits de ce lion sacrifié à la gloire de la France semblent si humains que d'étranges sentiments assaillent le visiteur. Mark Twain l'a d'ailleurs qualifié de "morceau de pierre le plus triste et le plus émouvant du monde."