Au Nord du Val-de-Travers, la route devient étroite et se faufile autour de hautes collines et de vastes pâturages. Les seuls petits hameaux que l'on rencontre sont résolument voués à l'agriculture. De solides et fières fermes neuchâteloises étalent leurs charmes, dispersées ci et là au cœur de la vallée. En hiver, le paysage se glace sous un épais manteau neigeux et la route semble s'engouffrer dans un tunnel. C'est le meilleur moment pour visiter le village de la Brévine. La commune la plus retirée du district du Locle perchée sur un haut plateau parallèle au Val-de-Travers, est surnommée "la Sibérie suisse".
A plus de 1000 mètres d'altitude, un microclimat plonge la vallée, dès le mois de novembre, dans le froid et l'humidité. La température descend régulièrement en dessous de -30°C, les nuits sont particulièrement piquantes. Le 12 janvier 1987, la station météorologique installée dans le village a mesuré la température record -41,8°C, jusque là jamais égalée dans une commune suisse.
Il n'y pas beaucoup de fenêtres, réputées pour laisser le froid se faufiler, sur les solides maisons du village. De longs glaciers s'évadent des gouttières et touchent le sol ; les fontaines se figent et les habitants courent se réchauffer dans les bistrots de la place (… c'est fou ce qu'il y en a, et on comprend mieux pourquoi !)
La Brévine est particulièrement prisée des fondeurs qui y parcourent des kilomètres de pistes balisées dans quelques-uns des plus beaux paysages du pays. Il est possible de louer sur place l'équipement nécessaire (skis de fond, raquettes à neige et vêtements chauds).
Equipés d'un cache-nez, d'une bonne veste et de gants épais, vous êtes parés pour rejoindre le petit Lac des Taillères à trois kilomètres à l'ouest du village.
Cette grande flaque longue d'un kilomètre et large d'une centaine de mètres, gèle chaque hiver (généralement de novembre à janvier) et offre ainsi une somptueuse patinoire naturelle aux courageux visiteurs qui bravent le froid exacerbé par un vent hurlant et glaçant. Si chaque patineur s'ébat ici à ses propres risques, le propriétaire du Café-restaurant situé sur les rives vérifie la solidité de la glace en jetant régulièrement une grosse pierre sur la surface gelée du lac. Si elle ne la transperce pas, la patinoire naturelle est opérationnelle, elle peut être parcourue en sécurité.
Ainsi, les enfants de la région dégagent quelques centimètres de neige qui laissent apparaître la glace et y organisent de mémorables parties de hockey. D'autres se promènent simplement sur l'étendue figée et profitent d'un paysage délirant niché au pied de douces collines couvertes de conifères, vierges de toutes intrusion humaine, si ce n'est une ferme ci et là parfaitement intégrée dans ce décor jurassien typique.