A la sortie de la route très fréquentée des Gorges du Seyon conduisant notamment à la Chaux-de-Fonds, une petite route s'engouffre dans les forêts après avoir traversé le village historique de Valangin. Rapidement, quelques habitations et un bistrot se regroupent au bord de la route. Fenin-Vilars-Saules et ses moins de 800 habitants n'est pas un village très animé, mais c'est le point de départ d'un formidable trekking dans la nature sauvage de la vallée.
Au bout du village, il faut emprunter une petite route (2e à gauche en venant de Neuchâtel) qui aboutit devant une imposante ferme aux premiers abords classique. Mais rapidement, l'œil est attiré par un enclos à l'intérieur duquel une dizaine de solides lamas s'agite en voyant s'approcher leur propriétaire et bienfaiteur, André Steiner.
Cet agriculteur propose de formidables balades dans la région avec ses surprenant pensionnaires. Un peu vifs et caractériels pour être montés par l'homme, les lamas n'en sont pas moins de formidables porteurs.
Dans les sacoches appuyées sur leurs flancs, M. Steiner engouffre plusieurs kilos de matériel ; pique-nique, vestes voire tentes et sacs de couchage lors des expéditions de plusieurs jours qui emmènent les marcheurs à la métairie d'Aarberg par exemple, où des tipis les accueillent pour la nuit.
Dès les premiers pas, le petit convoi s'éloigne des habitations et se plonge dans une nature sauvage et préservée. Parfois, le lama est distrait ou renonce à avancer, il faut alors le rappeler à l'ordre d'un coup sec sur la longe qui le retient. Loin d'une simple balade de santé, les chaussures doivent être adaptées à la marche et les mollets endurants : il faut marcher environ cinq heures chaque jour avant d'atteindre l'abri prévu pour la nuit.
En général, les lamas d'André Steiner sillonnent la vallée de début mai à fin octobre. La durée de ces randonnées varie d'une heure à plusieurs jours.
De la branche sud-américaine des camélidés, cette espèce regroupe les lamas, les alpagas, les vigognes et les guanacos que l'on appelle génériquement " les lamas ". On crut d'abord qu'ils étaient associés à la famille du mouton avant de définitivement les classer dans la catégorie des camelus, une très petite famille qui se limite aux quatre espèces de lamas citées plus haut et à deux espèces de chameaux. On les distingue au nombre pair de leurs doigts.
En fait, le lama ressemble à un petit chameau - sans ses bosses, bien sûr. Le visage est particulièrement ressemblant, soutenu par un long cou étroit et un corps à l'aspect surdimensionné dû à la densité de la fourrure qui l'enveloppe. Quatre frêles jambes le soutiennent, les pieds et ses doigts sont plutôt rapprochés, la colonne vertébrale se termine en une queue courte mais épaisse.
A l'arrivée des premiers Espagnols sur le continent sud américain, le lama était le seul animal domestiqué par les indigènes. Particulièrement habile pour le transport périlleux de marchandises dans des régions souvent montagneuses, ils l'apprécient aussi pour sa viande et sa fourrure.
La plupart des lamas domestiqués vit aujourd'hui dans la Cordillère des Andes, en particulier au Pérou où certains spécimens sauvages continuent à s'épanouir dans les montagnes éloignées de l'animation des grands centres urbains. Herbivores, ils se nourrissent exclusivement d'herbe et de feuilles ingurgitant jusqu'à 3kg de végétaux chaque jour qui transiteront par leurs trois estomacs. La femelle n'a pas de chaleur et est capable de mettre bas à tout moment de l'année.
Dernière question qui vous brûle la langue, n'est ce pas ? Le crachat des lamas, mythe ou réalité ? C'est vrai que les lamas adorent cracher. Leur langue est particulièrement salivée et le jet forcément fourni. Cependant, rassurez-vous, il semblerait que les lamas ne crachent que contre les autres lamas de la meute pour imposer leur domination. Si un homme est inondé, c'est simplement un accident de trajectoire.