Sur les rives de son lac tantôt turquoise (on se croit alors dans un lagon polynésien) tantôt bleu nuit lorsque le vent l'agite, encadrant quatre kilomètres de quais, Neuchâtel s'étage sur les premiers remparts du Jura ; ainsi, presque tout le monde a droit à son petit coup d'œil panoramique sur le lac, de ses rives à 430 m. d'altitude au signal de Chaumont, à près de 1200 m.
Plus loin et plus haut se découpent deux silhouettes caractéristiques : celle du Château - aujourd'hui le siège de l'exécutif cantonal et ses 5 conseillers d'Etat et du parlement cantonal et ses 115 députés - et celle de la Collégiale (symbole de la Réforme de Farel, une statue rend hommage au réformateur). Tous deux construits au 12e siècle, ils jouxtent la Tour crénelée des Prisons encore opérationnelle aujourd'hui… comme un pic qui se dresse au-dessus de la vieille ville et du lac, on y a sans doute le plus belle vue de Neuchâtel ; c'est en outre l'édifice le plus ancien de la partie inférieure de la ville.
En 1979, les autorités communales prennent une décision courageuse en interdisant un vaste périmètre du centre-ville aux voitures, là où se regroupent les principales échoppes. Les commerçants, inquiets pour le parcage de leurs clients, ne furent pas tous enthousiastes et certains quittèrent le centre mais aujourd'hui, Neuchâtel offre l'une des plus vastes et des plus coquettes zones piétonnes de Suisse, à peine perturbée par le ballet des bus jaunes (auxquels il faut être attentifs !) ; Au fil des ans, cette zone piétonne continue à progressivement s'étendre.
On y pénètre habituellement par la grande Place Pury (où débouche un sous voie conduisant aux transports publics et parking souterrain) dominée par son kiosque Belle Epoque. C'est une place animée et aérée, il fait bon s'arrêter au pied de la statue du Baron David de Pury, le bienfaiteur de la ville. Plus loin, la terrasse d'un célèbre café de place (cher) propose son jus d'oranges pressées et son chocolat chaud maison (… c'est aussi une confiserie). On s'y prélasse en été et on se réchauffe en hiver autour d'un sachet de marrons chauds, vendu dans la petite cabane toute proche d'où s'échappent de délicieuses odeurs.
Une sorte de ruisseau urbain aménagé en rigole s'évade de la place et serpente la large rue du Seyon. Il emprunte le tracé de l'ancienne rivière du Seyon qui traversait à l'époque le centre de Neuchâtel avant de déboucher sur le lac. Après avoir causé de multiples catastrophes à l'issue de crues mémorables (dont la destruction des archives de la ville en 1589), le tracé de la rivière est détourné. Depuis 1843, il ne traverse plus la ville et se jette directement dans le lac de Neuchâtel plus à l'Ouest. Cela permet notamment le développement de nouvelles rues au centre-ville.
Clou du spectacle, la magistrale Place des Halles encadrée d'édifices remarquables bâtis entre les 16e et 18e siècles, dont le restaurant "Maison des Halles", construit par Perroud en 1569 et surmonté d'une superbe tourelle en encorbellement, de frise sculptée et de portes richement décorées, notamment des armes d'Orléans-Longueville, princes souverains de Neuchâtel dès le début du 16e siècle.
Les Halles partagent les pavés de la place avec d'autres cafés ; ces terrasses constituent le lieu de rencontre préféré des Neuchâtelois, dès les premiers rayons timides du printemps. Les tables se serrent et l'animation bat son plein les jours de marché ; les étals de viandes, de légumes, de fleurs et de fromages colorent le cœur de la vieille ville.
Derrière les Halles, la place du Coq d'Inde laisse s'échapper des ruelles escarpées et étroites qui grimpent jusqu'au Château et à la Collégiale. Le temps semble s'être arrêté au détour de l'une des ses fières habitations taillée dans cette pierre symbole de la région, la jaune pierre d'Hauterive prélevée sans relâche dans les carrières de la région jusqu'à les vider totalement.